UN PROCES INJUSTE FAIT AUX AUDIOPROTHESISTES

Tribune par Michel Wiplier, président des Compagnons de l’Audition

Scandale, rente, verrouillage : un procès injuste fait aux audioprothésistes

Le 28 septembre 2015, UFC – Que Choisir fait état, sur son site internet, d’une étude menée par l’association intitulée: «Audioprothèse, un marché verrouillé au détriment des malentendants » et stigmatise « la scandaleuse rente des audioprothésistes».

En substance, l’association s’insurge tout à la fois contre un numerus clausus des audioprothésistes qui selon elle limite la concurrence et la couverture des besoins, maintenant les prix à un niveau anormalement élevés, les liens entre l’industrie et les médecins qui créeraient des conflits d’intérêt, une «verticalisation» du marché sous la pression des fabricants intégrant désormais leur propres réseaux de distribution. Finalement, tout serait fait pour que le malentendant, considéré comme un «consommateur» paie plus cher, dans un marché opaque.

Un débat focalisé sur le prix

Chez les Compagnons de l’Audition, engagés pour la santé auditive des patients, nous ne voyons pas les choses de cette façon. Alors que l’association évoque un prix moyen d’appareillage par oreille de 1550 €,il s’établit dans nos laboratoires environ à 1400 €. Les frais de «marketing» (redevance de marque, dépenses de communication, etc.) ne nous obligent pas à une facturation artificielle.

Naturellement, comme tous les professionnels du secteur, nous regrettons que la prise en charge par l’Assurance Maladie n’ait pas été revalorisée depuis bientôt 30 ans, stagnant à 120 € par oreille quand elle atteint 600 € en Italie, 660 € en Belgique et 840€ en Allemagne… Le rôle des OCAM est alors décisif en France, ces derniers voulant peser sur le marché et voulant orienter leurs assurés vers les audioprothésistes se pliant à leurs injonctions tarifaires. Nous notons avec satisfaction que certaines mutuelles privilégient la qualité de l’appareillage et proposent des prises en charge tarifaires mieux adaptées.

UFC-Que choisir dénonce aussi l’intégration au prix d’achat des services de réglage et d’adaptation pendant toute la durée de l’appareillage, assimilable au paiement par avance de prestations à venir. D’expérience, nous savons que cet investissement initial est souhaitable, accompagné de la bonne pédagogie. Sans cela, des patients qui reviennent 4 fois par an, s’ils devaient payer une consultation ne reviendraient jamais, et leurs prothèses, inadaptées à l’évolution de leur audition, ne seraient plus portées. Nous ne sommes pas des marchands d’appareils qui se débarrassent de leurs «clients» une fois la transaction effectuée. Nous notons aussi que le montant de la prestation associée au prix de vente est une volonté des pouvoirs publics afin de clarifier les prix. Nous y sommes favorables.

Des professionnels de santé libres, engagés sur la qualité

Les Compagnons de l’Audition sont des indépendants, et ne sont inféodés à aucune marque ni à aucune enseigne. Ils ne sont partenaires d’aucun lobby commercial. Les relations entretenues avec l’environnement sont celles de professionnels de santé, en lien étroit avec le monde médical, au quotidien. Les Compagnons de l’Audition souhaitent une revalorisation de la prise en charge sociale liée à l’appareillage et une amélioration générale du suivi du patient, critère fondamental pour la réussite de l’appareillage et donc le mieux-être du patient.

À aucun moment dans son étude, UFC-Que choisir ne fait référence à la qualité de l’appareillage et à la recherche du bien-être optimal du patient. Or un malentendant n’est pas un consommateur, c’est avant tout un patient.

À la différence d’audioprothésistes se voyant plus comme des distributeurs de prothèses obéissant à des directives de marques, les Compagnons de l’Audition ont développé leur propre approche qualité à travers un Label unique en France, qui certifiera, dès le début 2016 sous le contrôle du Bureau Veritas, la totalité de leurs pratiques, depuis l’accueil du patient, sa prise en charge, la recherche de la meilleure exécution de la prescription médicale dans le respect de ses souhaits et moyens, jusqu’au suivi de son appareillage sur la durée. Au cœur du dispositif, l’audioprothésiste joue son rôle à fond (choix de la technologie, appareillage des patients) et crée de fait un réseau ouvert de santé associant tous les acteurs de la santé du patient, en particulier auprès de populations fragilisées par l’âge et particulièrement sujettes à l’isolement. On est bien loin des pratiques de marchands de tapis dénoncées par l’association.

Audioprothésiste indépendant, un métier d’avenir

UFC-Que choisir a raison de pointer le dynamisme du marché de l’appareillage audioprothétique, de dénoncer un trop faible équipement des patients et de stigmatiser le niveau du reste à charge. Mais l’association a tort de le réduire à un monde opaque soumis aux diktatsdes enseignes et des fabricants. Alors que sa massification en change progressivement le modèle économique, les perceptions et les logiques, le rôle de l’audioprothésiste professionnel de santé prend aujourd’hui toute sa dimension. Ce que font et revendiquent au quotidien les Compagnons de l’Audition montre qu’il existe une voie dans laquelle tout le monde trouve son compte. Nous avons devant nous un exceptionnel challenge et un terrain d’accomplissement professionnel remarquable.

Pour terminer nous saluons le travail très intéressant présenté par le Président de l’UNSAF, Luis Godinho dans un article paru dans Audio Infos N°204 sous le titre «Quel est le modèle de prise en charge le plus efficient en Europe». Dans sa communication, Luis Godinho répond à de nombreuses questions, voire à des allégations erronées et nous transmet des informations d’un haut intérêt. Il sait qu’il peut compter sur le concours des Compagnons de l’Audition 

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